La Petite Maison, un lieu « normal » troublé par la vie.
La Petite Maison est un lieu de rendez-vous : un espace et un temps dédié aux petits et à leurs parents et /ou proches.
La Petite Maison est un lieu « normal » : un endroit « banal », sous le porche, en rez-de- chaussée d’un immeuble dans un quartier populaire de Lille. On y pousse la porte pour y passer un moment, le temps désiré, ou le temps possible. Pas de motif pour y venir, pas de prescription, pas de dossier à remplir, pas de questionnaire à remplir, pas de questions posées sur les raisons qui président à la venue, pas d’identité à décliner.
La porte est poussée, la clochette signale l’arrivée de quelqu’un, deux personnes se présentent par leur prénom et accueillent le ou les nouveaux venus, elles inscrivent le prénom de l’enfant sur un tableau. Prénom repéré comme étant « l’identité intime », ce prénom choisi par les parents de l’enfant à naître ou tout juste né, ce prénom qui dit quelque-chose du désir de ceux-là, les parents.
Le patronyme, identité sociale, reste à l’extérieur, garantie de l’anonymat préservé dans ce lieu, rien ne sera dit à l’extérieur de ce qui se passe ici. La parole peut se déployer sans risque.
La parole peut se déployer …ou pas. Dans ce lieu « normal, c’est-à-dire « banal », qui ne se caractérise par aucune spécialisation, qu’on soit adulte ou enfant on y passe du temps, assis …ou debout… à jouer, à lire, à dormir, à échanger avec d’autres comme nous, enfants et/ou parents…
Mais qu’est-ce qu’il s’y passe ?
La vie … ses bonheurs, ses peines, ses joies, ses soucis, ses préoccupations de tous ordres.
Que l’on soit enfant ou adulte, la vie nous traverse et se répand dans ce lieu « normal ».
Cette vie en croise une autre, les conversations s’engagent sur tel sujet de préoccupation, ou de joie. Les échanges s’installent (ou pas) entre enfants, entre bébés, entre enfants et bébés, entre enfants et adultes, entre adultes. Les uns suivent leur idée, leurs jeux sans se soucier des autres, les autres sont avides de rencontres et viennent les perturber dans leur trajet, les uns ne s’arrêtent pas et continuent leur chemin, certains se laissent emmener vers l’autre. Temps d’observation, d’approches, de frottements, de sourires, de jeux, de pleurs.
La vie se vit, et dans cet espace où rien n’est prévu ni prévisible, l’imprévisible peut se produire. Une vie singulière, difficile en ce moment précis, va se dire, en actes, en mots, troublant le déroulé de cet après-midi là. Ce trouble sur fond de vie donnera lieu à penser, à chercher, à inventer.
Bien loin du trouble qui fige l’être dans une pathologie, ce trouble vient révéler le Sujet en éveil, en alerte, et nous dit quelque chose de son désir.
Edith Pauwels Dourdent
Le 9 janvier 2019
Leave a comment